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Portrait de la situation d’abus et négligence pour les enfants de 0 à 4 ans à Montréal

Par lsabelle Laurin, Chantal Lavergne, Vivianne Martin, et Marie-Noële Royer

Des membres du CREMIS (Centre de recherche de Montréal sur les inégalités sociales, les discriminations et les pratiquesalternatives de citoyenneté) et de l’Institut universitaire Jeunes en difficulté, tout deux sous la bannière du CIUSSS du Centre-Sud-de-l’île-de-Montréal (CCSMTL), ont publié un portrait de l’incidence d’abus et négligence à Montréal pour les enfants de 0 à 4 ans, entre 2018 et 2023.

Ce portrait résulte de la collaboration entre la Direction régionale de santé publique (DRSP) du CCSMTL, l’Institut universitaire Jeunes en difficulté (IUJD) du CCSMTL, des deux Directions de la protection de la jeunesse (DPJ) du CCSMTL et du CIUSSS Centre-Ouest-de-l’île-de-Montréal. Cette collaboration s’inscrit dans les suites de la Commission spéciale sur les droits des enfants et la protection de la jeunesse (Commission Laurent).

Faits saillants du rapport

Ce portrait a été basé sur des situations évaluées comme fondées en protection de la jeunesse. On retient que:

  • Pour près de la moitié des signalements, les faits se sont avérés fondés après l’évaluation;
  • L’incidence d’évaluation avec faits fondés s’élève à 11 pour 1000 enfants à Montréal;
  • Au cours de la période, on note une hausse des signalements, mais une baisse des évaluations de faits fondés;
  • Les deux motifs principaux dans les cas d’évaluations de faits fondés étaient la négligence et l’exposition à la violence conjugale;
  • Il existe de grandes disparités dans le nombre de signalements et d’évaluations de faits fondés entre les quartiers montréalais.

Quelques constats inquiétants et recommandations

Selon les auteures, les écarts observés entre les territoires montréalais sont préoccupants: plusieurs facteurs peuvent en être la cause, comme les caractéristiques sociodémographiques des familles, des pratiques différentes concernant le signalement et la disponibilité des services.

Le portrait souligne également que peu de signalement proviennent des services de garde alors que ces milieux sont essentiellement un second milieu de vie pour les enfants. Les facteurs en jeu sont : potentiellement la crainte des éducateurs.rices de perdre le lien de confiance avec les parents et par conséquent de briser le lien avec l’enfant. Le rapport conclut sur l’importance de former le personnel des milieux de garde à détecter les signes d’abus et de négligence, et de les sensibiliser à l’importance d’agir.

En ce qui concerne les motifs principaux notés, soit la négligence et l’exposition à la violence conjugale, ces observations soulignent l’importance de soutenir les parents vivant de grandes difficultés, par exemple en leur mettant à disposition des ressources en santé mentale et en dépendance et cela autant pour les victimes et auteur.trices de violence conjugale.

L’importance de la collaboration entre les acteurs en petite enfance

Une des conclusions importantes du rapport est la nécessité de la collaboration entre tous les acteurs en petite enfance, afin de mieux adresser la complexité des problématiques vécues par les familles.
Au-delà d’être l’un des piliers de l’approche en périnatalité sociale, elle permet non seulement une intervention précoce auprès des familles en difficulté, mais également de rallier les forces de différents professionnel.le.s et instances en santé, services sociaux, services éducatifs, entre autres, pour mieux répondre à la complexité des facteurs de vulnérabilité affectant la famille et l’enfant.

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