Le 20 juin dernier, la Chaire UNESCO Éducations & Santé présentait le webinaire Les 1000 premiers jours dans les politiques publiques : approches croisées en France et au Québec. Il clôturait une série de quatre présentations axées sur les « 1000 premiers jours », soit la période de la conception aux deux premières années de la vie d’un enfant, période cruciale affectant le développement et la santé globale. Les panélistes Mayalen Iron, directrice de projet 1000 premiers jours au Secrétariat Général des Ministères chargés des Affaires Sociales en France et Fannie Dagenais, directrice de l’Observatoire des tout-petits au Québec ont mis en lumière l’influence des politiques publiques sur la trajectoire de vie des enfants et celle des nouveaux parents.
En 2020, la France a fait de la périnatalité l’une de ses priorités gouvernementales avec le programme national des 1000 premiers jours déployé à la suite des travaux de la Commission Cyrulnik menée par 18 experts de la petite enfance. Soulignant l’inspiration des chantiers réalisés au Québec, Mme Iron a présenté les grandes lignes du rapport de la Commission rédigé autour de cinq axes prioritaires pour une meilleure continuité entre les périodes prénatales, postnatales et de la petite enfance, à la fois dans les secteurs de la santé et des services sociaux. Pour instaurer un réel changement de culture chez tous les acteurs qui interviennent auprès des familles, une vaste campagne de santé publique a été lancée en 2021. Elle a notamment fait la promotion de nouvelles ressources en santé mentale pour les parents et leur entourage et contribué à un meilleur accès à l’information dès la déclaration de grossesse. Alors que la campagne a réussi à rejoindre une pluralité d’acteurs, les populations les plus vulnérables sont demeurées les moins touchées. Le gouvernement compte désormais sur l’appui du secteur communautaire pour aller à la rencontre de ceux et celles qui en ont le plus besoin. C’est aussi dans cet optique que le rapport a recommandé la création des Maisons des 1000 premiers jours, un lieu accessible regroupant divers services, lesquelles sont actuellement en cours de recension sur le territoire français. On ne peut passer sous silence le fort parallèle avec le modèle en périnatalité sociale développée par La Maison Bleue.
Du côté québécois, l’Observatoire des tout-petits a vu le jour en 2016 sous la recommandation de Camil Bouchard, auteur du rapport Un Québec fou de ses enfants. Financé par la Fondation André et Lucie Chagnon, il a pour mission de communiquer l’état des connaissances afin d’éclairer la prise de décision pour le bien-être et le développement des enfants. Rédigées autour de 180 indicateurs, les nombreuses publications de l’Observatoire sont très utilisées par de nombreux acteurs et ont forgé une plus grande responsabilité collective à l’égard des tout-petits.
Sept ans après sa création, l’Observatoire des tout-petits jouit d’une notoriété publique importante et constate de nombreuses évolutions quant à la place accordée aux enjeux et mesures collectives en petite enfance dans les médias. L’opinion publique est devenue de plus en plus favorable à l’investissement en petite enfance jusqu’à tout récemment, puis un recul a été observé avec la pandémie et la priorisation d’autres enjeux. Le travail se poursuit donc et s’avère, à l’instar de la France, d’autant plus nécessaire pour diminuer les inégalités sociales des tout-petits provenant de milieux vulnérables.
Mme Dagenais a terminé sa présentation en soulignant le travail qu’il reste à faire au Québec pour sensibiliser à l’importance d’intervenir dès la grossesse, notamment en élargissant l’accès aux soins périnataux pour les femmes migrantes et à statut précaire.
À l’écoute du webinaire, on ne peut que se réjouir de constater les efforts déployés par la France et le Québec entourant la périnatalité et la petite enfance en sachant l’importance fondamentale des 1000 premiers jours de l’enfant sur sa trajectoire de vie et celle de toute une société.